En classe de composition électroacoustique au CNR de Bordeaux, j’avais tous les vendredi soirs accès à un studio de musique bien équipé. Étant habitué à jouer avec d’autres personnes, et voulant expérimenter certains aspect musicaux, tels que la spatialisation en live d’un ensemble de sons, et puis étant entouré de plusieurs musiciens, c’est naturellement que des sessions d’improvisation sonore se sont mises en place. Je n’imposais pas vraiment de règles, seulement une direction, l’improvisation libre. Il fallait écouter. Beaucoup écouter. Les personnes non-musiciennes mais dotées d’oreilles et capable de faire des sons étaient également conviées.

Quelques enregistrements ont circulé et le nom de Cabaret électroacoustique est arrivé de lui-même… Je crois que c’était une formule de Christian Eloy, le compositeur s’occupant de la classe de composition électroacoustique dont je faisais partie à cette époque, qui avait utilisé cette formule pour désigner ce regroupement à géométrie variable dont je lui faisais écouter des enregistrements.

Plusieurs représentations live ont eu lieu. Les plus marquantes pour moi sont :

  • L’inauguration du hangar 20 à Bordeaux : beaucoup de monde présent, avant de jouer, nous avons enregistré des bribes de sons parmi les gens présents lors du cocktail, voix, bruits dans le lieux, et nous avons utilisé entre autres ces sons dans notre performance, installés sous des escaliers, pas très visibles, nous diffusions dans un espace sonore non-identifié, mélangé aux discussions confuses en effet cocktail… expérience très intéressante et filmée par un ami.
  • La fête à Michel au domaine universitaire de Talence, Bordeaux III : originalité, nous avons demandé à deux personnes de prendre des microphones HF et d’aller à la récolte de sons qui nous arrivaient sans prévenir et qui étaient réinjectés dans nos instruments, il y a eu aussi une performance de deux danseuses derrière un tissu dont les silhouettes apparaissaient en ombres chinoises, on improvisait sur leurs mouvements, une peintre recouvrait de couleurs le tissu au fur et à mesure et créait ainsi une sorte de partition.

Lors des sessions de studio, nous avons testé différentes choses dont :

  • La spatialisation : je faisais une sorte de mise en son en utilisant des effets au niveau du mix général et cela comme si j’interprétais une improvisation activée et réactivée avec feed-back d’écoute
  • Les thèmes imaginaires : « il fait chaud dans la poubelle », « scarabée »
  • De la technique (enregistrement, synthèse, sampling, mixage, effets, bruitages, percussions de microphone, etc.)
  • Le silence et ses ramifications
  • L’illustration sonore sur une bande visuelle de Ruttman
  • La voix
  • etc.

Il y a eu de nombreuses sessions studio. Quelques traces perdures dont les fichiers audio joint à cet article. Après mon départ pour d’autres contrées, quelques aficionados des sessions du cabaret électroacoustique ont prolongé l’expérience et ont organisé de nouvelles sessions.

Merci à Caro, Ludo, Patrice, Florent, Marcello, Théo, Kevin, Mélanie, Sarah, Noémie et tout ceux que j’oublie !

Ci-après quelques extraits d’archives vidéo de session studio, et une vidéo de Patrice Rullier qui retrace l’expérience du cabaret électroacoustique, dont la session au hangar 20.

Ci-après des images tirées de la session au hangar 20 à Bordeaux :